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L’usage des caractères symboliques ou hiéroglyphiques devint encore un moyen efficace pour envelopper de ténèbres la doctrine sacerdotale. Les seuls initiés pouvaient entendre les discours sacrés. Une figure d’homme à tête d’épervier y était pour eux l’intelligence démiourgique, Osiris, duquel Cneph ou Phta, la suprême intelligence, s’était servi pour l’arrangement de l’univers sensible ou matériel. Une femme coiffée d’une tête de bœuf ou de feuilles de lotos, avec un enfant sur ses genoux, était Isis nourrissant son fils Horus, c’est-à-dire la matière première, le principe passif des générations avec le monde, fruit de l’union des deux principes. Cette explication n’était pas la seule ; mais toutes avaient pour sujet la fable du massacre d’Osiris par Typhon, et les courses d’Isis. L’histoire de cette dernière divinité exerçait sans cesse l’imagination des prêtres, qui parvenaient à force d’allégories à y adapter leurs différents systèmes, les uns astronomiques et physiques, d’autres purement spéculatifs sur les points les plus importants de la métaphysique et de la morale.

Plutarque a tâché de recueillir leurs idées dans son traité d’Osiris et d’Isis, dont la lecture réfléchie peut seule détromper ceux qui seraient tentés de ramener les dogmes des Égyptiens à une unité de doctrine qu’ils ne connurent jamais. Ce ne fut même qu’après bien des variations qu’ils tombèrent dans l’hylosoïsme ou matérialisme. En aperçurent-ils jamais les funestes conséquences ? j’ai peine à me le persuader. Le distinguaient-ils d’avec le pneumatisme ou spiritualisme ? et savaient-ils en quoi celui-ci consistait, lorsqu’ils avançaient que la partie la plus légère de la matière est l’air ; celle de l’air, l’esprit ; celle de l’esprit, la pensée ou l’intelligence ; enfin celle de la pensée, Dieu lui-même, multiforme et ousiarque, c’est-à-dire chef de la substance matérielle divinisée ? Notre profonde ignorance de l’ancienne langue d’Égypte ne nous permet pas de déterminer la véritable signification du mot bai, dont les anciens prêtres de cette contrée se servaient pour exprimer l’âme, qu’ils représentaient sous la figure d’un épervier.

Ces ministres philosophes n’étaient pas tous également instruits des dogmes secrets. On faisait un choix parmi eux. Les plus dignes par leur naissance et leur éducation, les plus capables par leur intelligence et leur savoir, étaient les seuls dépositaires de cette doctrine mystérieuse dont la connaissance leur était interdite, jusqu’à ce qu’ils eussent fini de pénibles épreuves. Partagés en plusieurs classes et attachés à différentes fonctions, ils ne participaient pas tous aux mêmes mystères. On peut croire que les prêtres du dernier ordre n’en connaissaient pour ainsi dire que l’écorce. Leur rang dans les cérémonies, les figures et les instruments qu’ils por-