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IV. Vous nous dites souvent : « Vous autres Chrétiens, si vous aspirez à mourir, que ne vous tuez-vous vous-mêmes ? vous jouirez plus tôt de votre Dieu et vous nous causerez moins d’embarras. »

Nous ne nous tuons point nous-mêmes ; interrogés, nous professons hardiment le nom Chrétien. En voici la raison : nous savons que c’est en vue de l’homme que Dieu a créé le monde. Nous vous avons déjà dit que le moyen de lui plaire, c’est de l’imiter ; que se déclarer pour le mal, par sa conduite ou par son langage, c’est l’offenser. En nous donnant la mort, nous empêcherions quelqu’un de recevoir la vie, d’être instruit de la foi chrétienne ; nous détruirions autant qu’il est en nous le genre humain ; nous contrarierions les vues de la Providence. Interrogés, nous confessons sans hésiter, et pourquoi ? C’est que nous n’avons à rougir d’aucun crime, c’est que nous savons que Dieu aime avant tout la vérité, et que nous nous croirions des impies si nous la dissimulions jamais ; c’est que nous brûlons du désir de vous la faire connaître et de vous désabuser de vos erreurs et de vos injustes préjugés.

V. Vous dites encore : « Mais si Dieu est pour vous, pourquoi vous laisse-t-il opprimer, livrer au supplice par ceux que vous appelez des impies ? »

Vous partez d’une fausse idée que je vais détruire. Quand le Dieu qui créa le monde eut soumis la terre à l’homme et disposé les astres, qu’il fit évidemment pour lui, de manière à rendre la terre féconde et ramener le retour des saisons, il commanda à ses anges de veiller sur l’homme et sur tout ce qui respire sous les cieux. Tel est le noble emploi qui leur fut confié. Mais plusieurs d’entre eux se corrompirent et furent appelés démons ; ils placèrent le genre humain sous leur joug, se firent rendre un culte, dresser des autels, immoler des victimes, et avec tous les crimes enfantèrent tous les maux. Vos poëtes en ont fait des dieux, et les ont désignés sous les noms que chacun de ces anges déchus avait pris.

VI. Mais le Dieu, père de l’univers, n’a point de nom parce qu’il est incréé. Celui qui reçoit un nom est moins ancien que