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aimons mieux, en terminant ce récit et ce discours, nous reposer sur la justice de notre cause.

Nous nous contenterons de placer au bas de notre requête une copie de la lettre d’Adrien, afin de vous convaincre que nous disons la vérité. La lettre est ainsi conçue :


Lettre d’Adrien en faveur des Chrétiens, à Minucius Fundanus.


« J’ai reçu la lettre de l’illustre Sérénius Granianus à qui vous avez succédé. Je pense qu’il faut examiner le fait, pour éviter les troubles et ne plus laisser lieu à la calomnie. Si les citoyens des provinces peuvent soutenir leurs accusations contre les Chrétiens devant votre tribunal, qu’ils prennent cette voie ; mais qu’ils s’abstiennent de plaintes vagues et de vaines clameurs. Il est bien plus juste, si quelqu’un veut les accuser, que la chose vous soit déférée. Si donc on les accuse d’avoir agi contre les lois, et si on peut le prouver, vous en jugerez vous-même, d’après la nature du délit ; mais si quelqu’un se sert du prétexte de leur religion pour les calomnier, ne souffrez pas cette indigne conduite : ayez soin de la punir sévèrement. »


Lettre d’Antonin aux villes d’Asie.


« Titus Ælius Adrien Antonin, Auguste et pieux empereur, tribun pour la quinzième fois, consul pour la troisième, et père de la patrie, aux villes d’Asie, salut :

« Je pensais que vous laisseriez aux dieux mêmes le soin de découvrir les hommes dont vous vous plaignez. C’est à ces dieux, bien plus qu’à vous, qu’il appartient, si cependant ils le peuvent, de punir ceux qui refusent de les adorer. Vous les persécutez, vous les accusez d’athéisme et d’autres crimes que vous ne pourriez prouver : eh ! ne voyez-vous pas que tout ce qu’ils ambitionnent, c’est de mourir pour la cause dont on leur fait un crime ; que cette mort même est une victoire sur vous, puisqu’ils préfèrent la souffrir plutôt que de se soumettre à ce que vous exigez d’eux ?