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retourne à son premier état, mais qu’il est impossible à Dieu de la faire passer à un autre ? Ce que je vois clairement, c’est que si on nous avait dit : « Vous naîtrez sous telle forme et de telle manière, » nous ne l’aurions jamais cru ; d’où je conclus qu’il faut admettre l’existence d’une force bien supérieure à la nôtre, à celle de l’homme : et c’est, je crois, raisonner plus conséquemment que l’incrédule. Pour nous, nous avons la parole de notre maître qui nous a dit : « Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu ; » et ailleurs : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent rien sur l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut jeter l’âme et le corps dans l’enfer. » Et l’enfer, c’est le lieu où seront punis ceux qui auront vécu dans l’injustice, et qui n’auront pas voulu croire à cet avenir que Dieu nous a annoncé par son fils qui est Jésus-Christ.

XX. Votre sibylle et Hystaspe n’ont-ils pas dit que tout ce qui est impur devait passer par le feu ? Les philosophes que vous appelez stoïciens n’enseignent-ils pas que Dieu lui-même se résout en feu ; que ce monde doit subir un changement et prendre un nouvel être ? Pour nous, nous ne faisons pas à Dieu l’injure de l’assimiler à ce qui change et se renouvelle. Mais, je vous le demande, pourquoi donc, lorsque nous nous présentons avec certains dogmes conformes à ceux de vos poëtes et de vos philosophes, et avec d’autres plus nobles et plus élevés, et surtout lorsque seuls nous arrivons, des preuves solides à la main, pourquoi n’éprouvons-nous que des persécutions ? Pourquoi ce privilége d’une haine toujours ardente contre nous ? Quand nous disons que c’est Dieu qui a fait le monde, qu’il l’a embelli, nous parlons comme Platon ; que tout sera dévoré par le feu, nous sommes d’accord avec les stoïciens ; que les âmes des méchants restent, après cette vie, douées de sentiment et souffrent des peines inouïes, tandis que celles des justes, désormais affranchies de la souffrance, demeurent éternellement heureuses, nous tenons le langage de vos poëtes et de vos philosophes ; que les hommes ne doivent point adopter pour objet de leur culte ce qui est au-dessous d’eux, nous pensons comme votre poëte comique