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été mis en croix sous Ponce-Pilate, gouverneur de la Judée au temps de Tibère, est le fils même du vrai Dieu, nous l’adorons après le Père, et ensuite l’Esprit saint qui inspirait les prophètes ; et vous verrez combien est raisonnable ce culte d’adoration. Je sais que vous répétez que nous sommes des insensés ; que celui que nous adorons après le Dieu éternel, immuable, père de toutes choses, n’est qu’un homme, un crucifié.

C’est que vous ignorez ce grand mystère ; je vais vous en instruire : je ne vous demande que de l’attention.

XIV. Car je dois vous prévenir que vous avez à vous tenir en garde contre un terrible adversaire, l’esprit de ténèbres, que nous avons vaincu, et qui ne cherche qu’à vous séduire, qu’à vous détourner de l’étude et de l’intelligence des vérités dont nous voulons vous instruire. Il ne néglige rien pour vous retenir sous son joug, dans un honteux esclavage, et vous faire servir d’instruments à ses desseins. Prestiges, songes, fantômes, il met tout en œuvre : c’est par là qu’il prend dans ses piéges ceux qui s’inquiètent peu de l’avenir. Il ne veut pas que vous lui échappiez comme nous lui avons échappé nous-mêmes : car nons étions aussi ses esclaves. Mais nous avons su rompre nos liens, dès que nous avons connu le Verbe ; nous n’avons plus voulu adorer que le Dieu incréé, le seul Dieu véritable, une fois que nous avons été éclairés par son fils. Quel changement se fit alors en nous ! Nous placions le bonheur dans la débauche ; maintenant, la chasteté fait nos délices. Nous avions recours à la magie ; nous ne mettons plus notre espoir que dans l’infinie bonté du Dieu éternel. L’or, l’argent, de grands domaines nous paraissaient les seuls biens dignes d’envie ; aujourd’hui nous nous faisons un bonheur de les mettre en commun et de les partager avec l’indigent. La haine nous armait les uns contre les autres et faisait couler le sang ; nous repoussions l’étranger, celui qui n’avait ni nos lois, ni nos habitudes ; et depuis que le Christ nous a apparu, nous voyons dans chaque homme un frère : nous prions même pour nos ennemis ; nous cherchons à désarmer la haine par la douceur, à vaincre la résistance par la persuasion. C’est ainsi que nous tâchons d’amener ceux qui