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vous ferait commettre l’ignorance retomberait sur nous-mêmes. Votre devoir à vous, après nous avoir entendus, c’est de vous montrer juges équitables comme la raison le demande.

La vérité une fois connue, vous seriez sans excuse devant Dieu, si la justice ne dictait vos arrêts.

IV. Or, je vous le demande, qu’est-ce qui prouve qu’un homme est innocent ou coupable ? Est-ce son nom ou ses actes ? Si le nom tout seul fait le mérite, nous sommes les meilleurs des hommes. Toutefois, si nous étions coupables, nous ne voudrions pas d’une grâce qui ne serait accordée qu’à notre nom. Mais s’il n’est point démenti par notre conduite, si tous deux sont irréprochables, prenez garde, ô princes, c’est contre vous-mêmes que se tournerait le glaive dont l’injustice vous aurait armés contre l’innocence. On ne mérite ni éloges, ni châtiments pour le nom que l’on porte, mais pour la conduite que l’on a tenue, selon qu’elle est noble ou coupable.

Quand il s’agit des autres, vous ne condamnez pas sur une simple accusation. Vous informez, vous voulez des preuves. Leur nom n’est pas un crime, pourquoi le nôtre aurait-il ce caractère à vos yeux ? Si vous ne considérez que le nom, sévissez plutôt contre nos accusateurs : le châtiment serait plus légitime. On nous accuse, parce que nous nous appelons Chrétiens ? Rien de plus injuste que de faire peser sa haine sur ce qui est bon en soi-même. Un homme, accusé d’être Chrétien, déclare-t-il qu’il ne l’est pas ? à l’instant vous le mettez en liberté, vous ne voyez rien à reprendre dans sa conduite. Un autre fait-il hautement profession de l’être ? sur-le-champ vous le condamnez : preuve certaine que nous ne sommes proscrits que pour notre nom. N’est-ce pas plutôt la vie de l’un et de l’autre qu’il faudrait interroger ? Par elle seulement vous apprendriez à connaître les personnes.

Je l’avoue, s’il est des hommes parmi nous, fidèles à leurs principes, qui ne balancent pas à se dire Chrétiens quand on les interroge, et qui soutiennent leurs frères par la force de leurs exemples, il en est d’autres dont le langage a trop souvent à rougir de la conduite, et vous en prenez acte pour nous re-