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vaste univers n’a pas d’autre maître. Je ne puis le voir ; un nuage est son vêtement et le dérobe à mes regards ; et quel œil mortel pourrait contempler la majesté de ce souverain arbitre ! Il réside au plus haut des cieux ; il est assis sur un trône d’or ; il foule aux pieds la terre. Sa main s’étend jusqu’aux bornes de l’Océan. Autour de lui tremblent et les hautes montagnes, et les fleuves, et la profondeur des mers azurées et blanchissantes d’écume. »

À ce sublime langage, ne croirait-on pas que le poëte a vu de ses propres yeux la majesté de Dieu ? Pythagore parle comme lui ; c’est ainsi qu’il s’exprime :

« Qui peut dire, excepté Dieu seul : Je suis Dieu ? Que celui qui tiendrait ce langage fasse un monde comme celui-ci et dise : Il est à moi. Mais il ne lui suffit pas de le faire, de le revendiquer, il lui faut encore habiter au sein même de son ouvrage. C’est alors qu’on verra s’il en est l’auteur. »

Que ce Dieu, le seul vrai, doive un jour vous juger sur vos actions et sur votre ignorance de la Divinité, je puis encore vous le prouver d’après vos propres auteurs. Faisons d’abord parler Sophocle :

« Il viendra, dit-il, oui, il viendra ce jour où l’éther embrasé ouvrira les trésors de feu qu’il recèle. La flamme dévorante et livrée à toute sa fureur consumera la terre et tout ce qui s’élève au-dessus de la terre. Alors tout aura disparu ; plus de source d’où l’onde s’écoule, plus de terre qui produise de plantes, plus d’oiseau qui vive dans cette atmosphère de feu. Nous savons qu’il existe deux chemins à l’entrée des enfers : l’un qui conduit au séjour des justes, l’autre à la demeure des impies. Le bras qui aura tout détruit fera tout renaître. »

Laissons parler maintenant Philémon : « Pensez-vous, Nicostrate, que ceux qui ont vécu dans la mollesse et dans les délices demeurent cachés au sein de la terre qui les recouvre, comme s’ils pouvaient échapper à Dieu et se soustraire à lui pour toujours ? Il est un œil, l’œil de la justice, qui voit tout. Si un même sort attend le juste et l’impie, allez donc ! pillez,