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porté par ces paroles, l’éloquent Platon s’écrie avec la plus grande liberté : « Le grand Jupiter fait voler dans les airs un char rapide. » Où donc Platon aurait-il puisé l’inspiration de pareilles choses, si ce n’est dans Moïse et dans les prophètes ? Quand il représente Dieu au milieu d’un élément de feu, ne croirait-on pas qu’il vient de lire ce qui est écrit au troisième livre des Rois : « Et le Seigneur n’était point dans ce vent ; et après le vent un tremblement de terre : et le Seigneur n’était point dans ce tremblement ; et après le tremblement un feu : et le Seigneur n’était point dans ce feu ; et, après le feu, on entendit le souffle d’un vent léger. » Après un mûr examen, les hommes pieux ne manqueront pas de rapporter ces paroles aux plus sublimes mystères ; Platon, qui n’avait point médité là-dessus avec l’attention convenable, a cru pouvoir conclure de ce passage que Dieu résidait dans une substance ignée.

XXXII. Si l’on veut réfléchir sur le don que Dieu envoie aux hommes purs, et que les prophètes appellent l’Esprit saint, on verra que Platon en parle sous un autre nom, dans son dialogue de Ménon. La crainte d’attirer sur sa tête l’animadversion de ses concitoyens, en professant ouvertement les doctrines des prophètes, l’a empêché d’appeler ce don de Dieu l’Esprit saint. Il dit à la vérité qu’il descend d’en haut, sur l’homme ; toutefois il n’a pas cru devoir l’appeler Esprit saint, mais vertu. Ainsi, dans le Dialogue avec Ménon sur la réminiscence, il examine longuement ce que c’est que la vertu ; il se demande si elle peut s’apprendre par l’enseignement, si on peut l’acquérir par la pratique, ou si on l’a naturellement ou d’une autre manière ; et il finit par dire en termes formels : « Enfin, pour arriver au but de nos recherches, nous devons conclure que la vertu n’est ni un don naturel, ni une science ; mais un don qu’une Providence divine nous communique sans le concours de la science. » Or, il me semble évident que Platon, après avoir appris des prophètes ce que c’était que l’Esprit saint, a cru devoir l’appeler du nom de vertu. De même que les saints prophètes disent que l’Esprit saint, qui est un, se divise en sept