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qui parle et qui raconte à Alcinoüs ce qui lui a été révélé :

« J’ai vu Tityus, le superbe fils de la terre, étendu sur un roc et couvrant neuf arpents de son corps ; des vautours acharnés lui dévoraient le foie. » (Odyss. XXX, 576.)

Il est évident que le foie n’est pas une partie de l’âme, mais du corps. Homère parle de la même manière des tourments corporels que subissaient Sisyphe et Tantale. D’ailleurs un très-célèbre historien, Diodore, dit d’Homère, qu’il avait longtemps séjourné en Égypte pour s’instruire, et qu’il avait ensuite fait usage dans la composition de ses poëmes des choses qu’il y avait apprises. Ainsi, par exemple, c’est par les traditions égyptiennes qu’il avait su qu’Hélène avait rapporté à Sparte le népenthès, cette plante d’un parfum délicieux, qui a la vertu de faire oublier tous les maux, et dont Polydamne, épouse de Théonis, lui avait fait présent. Homère ajoute qu’Hélène en fit usage pour calmer la douleur extrême que la présence de Télémaque faisait éprouver à Ménélas. C’est aussi d’après ce qu’il avait vu en Égypte qu’il donna à Vénus l’épithète de Dorée ; il avait visité en Égypte le temple consacré à Vénus-Dorée et le champ que les Égyptiens appelaient de ce nom. Mais pourquoi rappelons-nous ici ces faits, si ce n’est pour faire voir qu’Homère avait également introduit dans ses poëmes une foule de choses puisées dans la lecture des divines prophéties ? Nous voyons d’abord qu’il parle de la création de la même manière que Moïse.

En effet, Moïse a dit : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ; ensuite le soleil, la lune et les étoiles. » Homère, qui avait lu avec plaisir le livre de la Genèse, reproduisit le même tableau de la création sur le bouclier d’Achille, fait par Vulcain. Voici la description qu’il en fait : « Le Dieu représenta sur ce bouclier la terre, le ciel et la mer, et le soleil infatigable, et la lune à la forme arrondie, et les astres brillants qui couronnent le ciel. » (Iliad. CC., 483.)

La description que fait Homère du jardin d’Alcinoüs ressemble beaucoup aussi à celle du paradis terrestre ; il nous le peint comme toujours paré de fleurs et rempli de fruits. Voici les vers d’Homère :