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peine de parcourir avec soin leurs écrits, on se convaincra que, dans le développement de leurs propres opinions, ils se contredisent. Platon, qui a d’abord enseigné trois principes généraux : Dieu, la matière et la forme, en reconnaît plus tard un quatrième, c’est-à-dire une âme universelle, qui pénètre toute la nature. Il avait d’abord parlé de la matière incréée ; il assure ensuite qu’elle a été créée. Il avait regardé d’abord la forme comme un principe, comme une substance existant par elle-même ; plus tard, il ne la compte plus que comme une notion de l’esprit. Un moment il proclame que tout ce qui a été créé doit finir et se dissoudre ; il déclare, quelques lignes après, que quelques-unes des matières existantes peuvent échapper à la corruption et à la dissolution. Quelle est donc la cause qui fait que ceux à qui vous donnez le nom de sages se contredisent, non pas seulement entre eux, mais encore avec eux-mêmes ? C’est qu’ils n’ont pas voulu puiser la science à sa véritable source ; c’est qu’ils ont voulu, avec les seules forces de l’esprit humain, atteindre à la connaissance des mystères du ciel, lorsqu’ils ne pouvaient pas même embrasser la connaissance des choses terrestres. Plusieurs de vos philosophes disent que l’âme habite en nous, d’autres autour de nous. Car, ne voulant pas même s’accorder entre eux sur cela, et comme s’ils s’étaient partagé l’empire de l’ignorance, ils ont aussi voulu combattre et disputer sur l’âme. Les uns prétendent que l’âme est un feu, les autres que c’est de l’air ; ceux-ci, un esprit ; ceux-là, le mouvement ; d’autres, un souffle ; quelques-uns une force émanée des astres ; d’autres un nombre doué de la faculté de se mouvoir ; d’autres, enfin, une eau qui aurait une puissance génératrice. Ainsi, à travers leurs divergences et leurs discordances perpétuelles, ils ne sont d’accord que sur un point, et ce n’est qu’en cela qu’ils méritent des éloges : c’est dans l’ardeur qu’ils montrent à se renvoyer l’un à l’autre l’accusation d’être dans l’erreur et d’ignorer la vérité.

VIII. Puis donc que nous ne pouvons apprendre de vos maîtres rien de certain sur la religion, et que leurs enseignements ne sont bons qu’à fournir des preuves de leur ignorance,