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vis. Les mets de substance animale se composent de quadrupèdes, poissons, oiseaux familiers ou sauvages, venant de toutes les extrémités du monde connu, et dont le prix est énorme. On fait présent à chacun des convives de chaque animal, quadrupède, oiseau ou poisson vivant qui est de même espèce que celui qui a été apprêté et offert en mets. On boit souvent ; à chaque rasade tarie, changement de vase, et chaque convive reçoit une tasse nouvelle en cristal d’Alexandrie, une coupe d’argent ou une coupe d’or incrustée de pierres précieuses, ou une coupe murrhine. Coupes de cristal d’argent et d’or incrustées de pierreries, et coupes murrhines, toutes celles dans lesquelles on a bu, appartiennent au buveur. Des couronnes de fleurs, étrangères à la saison comme au climat ; des bandelettes d’or, chefs-d’œuvre de l’art ; des tresses métalliques ont été ceintes autour du front des convives dès le commencement du repas. On leur donne à tous et les plantes des extrémités de l’empire qui produisent les fleurs de leurs couronnes, et les filigranes inestimables qui tissent leurs diadèmes. On apporte devant chacun de ces douze heureux une cassolette d’or et un coffret remplis de ces parfums réputés inestimables. La cassolette, le coffret, les parfums appartiennent à qui en a fait usage. Un maître-d’hôtel a disposé les plats en face de chaque convive, un bel esclave a rempli l’office d’échanson. On donne à chacun le maître-d’hôtel et le bel esclave qui ont achevé le service… Le repas est fini, la libéralité ne l’est pas : il faut des litières pour remporter chacun de ces voluptueux engourdis, et avec eux les présents dont ils sont chargés. On leur donne encore à chacun la litière, les mules couvertes d’argent qui les supportent et les esclaves muletiers qui les conduisent. Ce festin fut évalué six millions de sesterces, environ deux millions quatre cent mille livres. Voilà où l’on était au second siècle !


Des hérétiques du second siècle.


Saturnin, Basilide, Carpocrate, Valentin, Cerdon, Marcion, Hermogène, Hermias, Bardesane, Apelle, Tatien, Sévère, Héraclion, les séthites, les caïnites, les ophites, admettaient des génies qu’ils faisaient agir à leur gré. La cabale, la magie, la philosophie orientale, pythagoricienne, platonicienne, furent employées pour expliquer les miracles et les dogmes du Christianisme. L’affranchissement de l’empire des sens, tel était le but de ces sectaires, et aucun ne niait les miracles de Jésus-Christ. Tous exagéraient les préceptes de l’Évangile, et croyant vivre d’une manière plus parfaite, ils s’enorgueillirent ; et comme Jésus-Christ avait promis d’envoyer le Paraclet, Montan se prétendit le Saint-Esprit. Il eut des extases, réunit des disciples qui se dirent inspirés et formèrent une secte très-étendue qui se divisa.