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riens, et part avec ses légions. Il se permet à peine le repos et la nourriture nécessaires. Julianus tremblant ne savait quel parti prendre. Il ordonne aux vestales et aux prêtres de sortir revêtus de leurs habits sacerdotaux, portant les signes sacrés de la religion païenne, et de s’avancer à la rencontre des légions. Il s’efforçait d’interroger ou d’appaiser le destin par des cérémonies magiques et par des sacrifices. Sévère ne s’arrêtait pas un instant dans sa marche, et quand il eut fait promettre le pardon aux prétoriens, Julianus eut la tête tranchée dans une salle des bains de son palais.

En quarante jours, Sévère arrive à Rome ; il ordonne aux prétoriens de se rendre, sans armes, dans une grande plaine près de la ville ; il les fait entourer, les casse ignominieusement et leur défend de paraître à la distance de trente lieues de Rome.

« Dans ces guerres civiles qui déchirèrent l’empire, dit un historien, les soldats combattaient en hommes intéressés à la décision de la querelle. Quand les vœux du peuple appelaient un candidat à l’empire, de tous ceux qui s’enrôlaient sous ses étendards, les uns le servaient par affection, d’autres par crainte, le plus grand nombre par intérêt, aucun par principe. Les légions, insensibles à l’honneur, prenaient indifféremment parti dans les guerres civiles. Des présents magnifiques et des promesses excessives pouvaient seuls les déterminer. Un échec qui ôtait au général le moyen de remplir ses engagements les relevait en même temps de leur serment de fidélité. Ces mercenaires, empressés d’abandonner une cause malheureuse, ne trouvaient de liberté que dans une prompte désertion. Au milieu de tous ces troubles, il importait peu aux provinces au nom de qui elles fussent gouvernées ou opprimées. Entraînées par un parti, dès qu’un parti plus fort triomphait, elles se hâtaient de recourir à la clémence du vainqueur, qui, pour acquitter des dettes exorbitantes, sacrifiaient les provinces les plus coupables à l’avarice des soldats. Aucune ville ne pouvait offrir d’asile à une armée en déroute. Aucun homme, aucune famille, aucun ordre de citoyens ne pouvait rétablir la cause d’un parti expirant. »