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dèles, Nazaréens ou purifiés, Jesséens, intelligents ou illuminés, théophores, christophores, temples de Dieu et de Jésus-Christ, quelquefois même Christs, consacrés à Dieu par une onction sainte. Dans le second siècle, les païens les nommaient imposteurs, magiciens, Juifs, Galiléens, sophistes, athées, parabolaires, c’est-à-dire désespérés, à cause de leur courage à braver la mort ; biæothanati, gens qui vivent pour mourir, sarmentii, hommes destinés au bûcher ; semaxii, dévoués au gibet. Tous ces noms étaient des titres de gloire, et prouvent que les Chrétiens occupaient déjà tous les esprits.

Bossuet peint admirablement la manière dont le Christianisme avait été propagé par les apôtres : « La grande bénédiction que le monde devait attendre par Jésus-Christ allait se répandant tous les jours de famille en famille et de peuple en peuple ; les hommes ouvraient les yeux de plus en plus, pour connaître l’aveuglement où l’idolâtrie les avait plongés ; et, malgré toute la puissance romaine, on voyait les Chrétiens, sans révolte, sans faire aucun trouble et seulement en souffrant toutes sortes de supplices, changer la face du monde et s’étendre par tout l’univers.

« La promptitude inouïe avec laquelle se fit ce grand changement est un miracle visible. Jésus-Christ avait prédit que son Évangile serait bientôt prêché par toute la terre ; cette merveille devait arriver incontinent après sa mort, et il avait dit qu’après qu’on l’aurait élevé de terre, c’est-à-dire qu’on l’aurait attaché à la croix, il attirerait à lui toutes choses. Ses apôtres n’avaient pas encore achevé leur course, et saint Paul disait déjà aux Romains que la foi était annoncée dans tout le monde. Il disait aux Colossiens que l’Évangile était ouï de toute créature qui était sous le ciel ; qu’il était prêché, qu’il fructifiait, qu’il croissait par tout l’univers. Sous les disciples des apôtres, il n’y avait presque plus de pays si reculé et si inconnu où l’Évangile n’eût pénétré. Cent ans après Jésus-Christ, saint Justin comptait déjà parmi les fidèles beaucoup de nations sauvages, et jusqu’à ces peuples vagabonds qui erraient çà et là sur des charriots sans avoir de demeure fixe. Ce n’était