Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur malice ; les unes ont abandonné la voie véritable, elles roulent dans les sentiers de l’hérésie et de là dans les champs déserts de l’erreur ; d’autres ont renoncé à Dieu pour toujours et sont tombées vivantes dans le feu de l’impénitence ; d’autres ont connu la vérité, elles désirent ardemment les eaux du baptême, elles viennent jusqu’au bord de ces eaux sacrées ; mais la sainteté de la religion les effraie, la pensée de leur faiblesse les épouvante ; elles se retirent. Hermas ! continua l’Église, vois-tu ces sept femmes qui soutiennent la tour et y font entrer tous ceux qui les servent ? ce sont la Foi, la Mortification, la Simplicité, l’Innocence, la Modestie, la Discipline et la Charité ; chacune est fille de celle qui la précède. » À ces mots elle disparut.

Chaque fois que l’Église apparut à Hermas, ce fut sous une forme nouvelle, et il souhaitait en savoir la raison : il jeûna et pria beaucoup plein de ce désir. Le jeune homme qui lui avait révélé le nom de la vieille femme vint enfin le lui dire. « Vous êtes faibles et languissants, vous n’avez pas de confiance en Dieu ; le soin de vos affaires temporelles vous rend tristes et paresseux comme dans une vieillesse décrépite ; vous êtes infirmes et demeurez toujours assis, sans pouvoir bouger : voilà pourquoi l’Église a paru d’abord sous la forme d’une femme tout à fait vieille, assise et immobile dans sa chaire. Dieu a eu pitié de vous, il vous a donné un peu de force, il vous a guéris de vos infirmités ; voilà pourquoi l’Église a paru ensuite sous la forme d’une femme qui avait la chair et les cheveux d’une vieille, il est vrai, mais dont le visage était jeune, mais qui parlait debout et en riant. Dieu vous a comblés de biens, il a renouvelé vos cœurs, il vous a fait asseoir sur le siège inébranlable de la sincère pénitence ; voilà pourquoi l’Église a paru la dernière fois sous la forme d’une femme aux cheveux blancs, à la vérité, mais toute jeune et toute belle, pleine de douceur et d’une grande joie, assise sur un banc à quatre pieds. »