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une forme à ses calomnies, à ses travestissements, à ses outrages, la langue moderne la plus répandue de l’univers, parce qu’elle est la plus riche par sa littérature et la plus influente par l’ascendant politique de la France sur la civilisation. C’est dans l’idiome de Racine, de Bossuet et de Pascal que le philosophisme a fait imprimer dans toute l’Europe des millions de volumes qui, répandus avec la plus prodigieuse activité et avidement lus, ont ébranlé les croyances, corrompu les esprits, semé partout l’athéisme, l’incrédulité et le scepticisme. Et, cependant, la Bible, les saints Pères, les Conciles, restant le privilége des ministres de la religion et des hommes de l’enseignement, étaient livrés aux outrages, aux doutes et aux mépris d’une multitude hors d’état de confondre les nouveaux ennemis du Christianisme.

C’est ainsi que l’irréligion a dominé le sacerdoce et rendu vains ses généreux efforts. Les enseignements de la chaire, quelques timides réfutations, pouvaient-elles prévaloir contre ce torrent qui emportait les esprits d’autant plus sûrement qu’il les saisissait, les enveloppait par les formes séduisantes du langage, par le charme de la poésie, la grâce facile des récits, le piquant de l’ironie et l’attrait d’une littérature frivole ? On peut dire que dès lors tout équilibre a été rompu, la société a été livrée sans défense à une contagion active et puissante,