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n’avons à cet égard que des conjectures. Le livre du Pasteur nous apprend qu’il avait été marié, qu’il éprouva des peines domestiques causées par l’indiscrétion de sa femme et par l’ambition de ses enfants ; qu’il manqua de courage pour réprimer leurs écarts, mais qu’il se repentit dans la suite de sa faiblesse et en fit une sévère pénitence.

Le livre du Pasteur est écrit en forme de dialogues, et divisé en trois parties, sous les titres de Visions, de Préceptes, de Similitudes.

Dans la première partie, l’ange tutélaire d’Hermas lui apparaît sous la figure d’un berger pour l’instruire. De là vint à tout l’ouvrage le nom de Pasteur : témoignage incontestable de la croyance de l’Église, dès la plus haute antiquité, touchant les anges gardiens.

Les sentiments sur le mérite de ce livre sont extrêmement partagés. Chez les Latins, les premiers Pères seulement en ont fait de grands éloges. Mais il a mieux conservé sa réputation chez les Grecs, plus amateurs d’allégories. Clément d’Alexandrie et Origène en parlent comme d’un ouvrage inspiré : ils lui donnent la plus haute antiquité. Du reste, tous les savants s’accordent à le regarder comme un des plus précieux et des plus anciens monuments de nos traditions ecclésiastiques. On y trouve, en effet, des détails pleins d’intérêt sur la foi et sur la discipline des premiers temps, sur les mœurs primitives des Chrétiens. Il appartient évidemment aux temps apostoliques. Il fut écrit sous le pontificat de saint Clément et avant la persécution de Domitien, c’est-à-dire vers l’an 92. Il est facile de démontrer par certains détails qu’il est antérieur à saint Hermas, frère de Pie I, pape en 142, et ne peut lui être attribué.

Le livre du Pasteur était écrit en grec ; il ne nous en reste plus qu’une traduction latine faite dans les temps les plus reculés. C’est encore une raison de ne pas lui donner la même importance qu’aux ouvrages dont les auteurs sont certains et les textes conservés. Aussi nous permettrons-nous d’abréger ce livre en le resserrant dans de justes proportions, sans toutefois détruire son ensemble et sans rien omettre d’essentiel.