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jusqu’alors attiré le courroux de Dieu, c’était le mépris de ses lois, la révolte contre les prêtres, la profanation des autels, le massacre des prophètes, l’immolation de leurs enfants aux faux dieux, l’idolâtrie, en un mot, où leur penchant et l’exemple de leurs voisins les faisaient souvent tomber. Pour expier de si énormes forfaits, les vingt ans, quarante ans, soixante-dix ans de servitude avaient suffi jusqu’alors à la justice d’un Dieu jaloux : qu’est-ce qui peut maintenant le rendre inexorable à leurs cris, après tant de siècles écoulés dans l’oppression sans relâche et sans secours, si ce n’est un forfait encore plus grand que les sacrifices du sang humain, que l’impiété et l’idolâtrie ; un forfait, non pas contre les lois et contre le culte de Dieu, mais directement contre Dieu même, en la personne de ce Jésus que les saints livres et ses miracles déclaraient vrai fils de Dieu ? »

Vespasien régna dix ans, et Titus, qui lui succéda, deux ans seulement. On appliqua à ces princes les prophéties qui annonçaient le Messie. Le Messie devait être le prince de la paix, et ces deux empereurs achevèrent la guerre d’extermination de la Judée. Le prince appellé les délices du genre humain fit périr par la guerre des millions d’hommes, et condamna les prisonniers juifs à s’entr’égorger dans l’arène pour rassasier de sang les regards des Romains, avides de ces spectacles. Domitien, son frère, proclamé empereur après lui, fut un monstre à face humaine.

Rome, l’instrument dont Dieu s’était servi pour venger sur les Juifs la mort de Jésus-Christ, ne tardera pas à être punie à son tour des persécutions qu’elle fait souffrir aux Chrétiens.

C’est sous Domitien qu’apparaissent déjà les peuples du Nord que Dieu destinait à venger les Chrétiens. Refoulés par les Goths, ils commencèrent à s’agiter aux confins de l’empire. Domitien se fit élever des statues, et ce fut lui qui le premier acheta la paix aux Daces par une redevance annuelle, et qui rendit contre les Chrétiens les édits les plus cruels. Le sang des martyrs allait devenir, selon la belle expression de Tertullien, « la semence des Chrétiens. » Tout s’ébranlait à la