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Clar. Je ne ſais.

Ros. (la conſidérant toujours.) Elle a une certaine timidité qui a beaucoup de grace — Clarinde, aurez-vous bien peur ce ſoir à la cérémonie ?

Cla. Bien peur — non.

Ros. Savez-vous comment cela ſe paſſera ?

Cla. Oui, à-peu-près. On nous conduira dans une grande ſalle, nous ferons chacune un petit diſcours, & enſuite le conſeil des Sages & des Vieillards prononcera.

Ros. C’eſt cela, à l’exception du petit diſcours, car le mien durera trois quarts d’heures.

Cla. Bon.

Ros. Oui, pour le moins.

Cla. Ah, j’en ſuis charmée.

Ros. Vous êtes fort obligeante.

Cla. Cela me divertira ſûrement beaucoup.

Ros. (à part. Qu’elle eſt ſimple ! — (Haut.) Cela vous divertira donc ? — Divertir n’eſt pas, je crois, abſolument le mot qui convenoit à la choſe.

Cla. Pardonnez-moi, tout autre mot ne rendroit pas mon idée — Je trouve dans vos manières, dans votre air, & dans tout ce que vous dites, je ne ſais quoi que je ne peux exprimer, que je n’ai vu qu’à vous, & qui m’amuſe ſingulièrement.

Ros. En vérité, voilà un éloge tout nouveau pour moi.

Cla. Mais eſt-ce bien un éloge ? — Je n’ai pas cru vous en donner un.

Ros. Oui, j’imagine en effet que ſouvent vos diſcours ne ſe rapportent pas exactement à