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Ros. Il y aura beaucoup de fêtes ! — J’en ſuis ſi laſſe ; des fêtes !

Zul. Il eſt vrai que chaque jour la Fée prend ſoin de vous en procurer de nouvelles ; elle vous aime avec une paſſion ! — & cela eſt ſi naturel !

Ros. (à part.) Encore ! — Cette fadeur éternelle commence à me fatiguer. (Haut, ) Zulmée, laiſſez-moi ſeule. (Zulmée s’éloigne, & reſte dans le fond du théâtre.)

Ros. J’ai renvoyé Zélis, parce que je la trouvons bruſque ; je n’ai pu garder Fatime, Zerbine & Ziphé — & déjà Zulmée commence à me déplaire — eſt-ce ma faute ou la leur ? — Quoi, voir toujours des viſages nouveaux, ne s’attacher perſonne ! — Ah, malgré tous les ſoins de la Fée, je ſens que je ne ſuis pas heureuſe — (Elle s’aſſied dans un fauteuil, & tombe dans la rêverie.)

Zul. (ſe rapproche doucement & dit : ) Madame !

Ros. Quoi, que voulez-vous ?

Zul. Je croyois que vous m’aviez appellée.

Ros. Non, mais reſtez — Allez-moi chercher ma harpe — Non, je lirai — Zulmée, avez-vous quelques talents ?

Zul.Je deſſinois, je chantais autrefois ; & je dirai naïvement que c’étoit avec tant de ſuccès, que je me croyois parvenue au dernier degré de la perfection.

Ros. Eh bien.

Zul. Eh bien, Madame, je ſuis déſabuſée, depuis que j’ai le bonheur d’être auprès de vous.