Page:Genlis - Theatre a l usage des jeunes personnes 1 (1781).djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je ſerai leur victime, mais j’aurai ſuivi mon devoir, & ſans doute il n’eſt point de peines dont l’innocence & la vertu ne puiſſent conſoler.

Phé. Zirphée me diſoit tout cela ?

Pha. Mais d’une maniere mille fois plus touchante. Un déluge de larmes inondoit ſon viſage.

Phé. Oui, je me rappelle qu’elle pleuroit.

Pha. Elle fut enſuite quelques inſtants ſans parler.

Phé. J’admire votre mémoire ; car enfin, deux grands mois ſe ſont écoulés depuis cet entretien, & vous vous reſſouvenez des plus petites circonſtances, jusqu’au palmier.

Pha. Ah, ce palmier ! je crois le voir encore ; il ſoutenoit la tête de Zirphée ; les cheveux de Zirphée ont touché ſon écorce.

Phé. Et moi, contre quel arbre étois-je appuyée ?

Pha. Dans toute la prairie je ne vis qu’un palmier.

Phé. (riant.) Ah ! vous voilà donc en défaut — Voyons encore : & moi, que diſois-je à Zirphée ?

Pha. Mais, rien, je crois.

Phé. Rien : j’aurois paſſé deux heures avec Zirphée ſans rien lui répondre ? — Mais, paix. N’entends-je pas du bruit ? On vient — C’eſt elle.

Pha. C’eſt Zirphée, je vous laiſſe.

Phé. Oui, pour un moment ; mais ne vous éloignez pas, je vous rappellerai bientôt.

Pha. Pedime, ſouvenez-vous que je dé-