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Luc. Croyez-vous qu’en ne me donnant pas plus de peine que je n’en prends, je pourrai un jour avoir du moins l’apparence de quelques talents ? — l’écorce ; c’eſt tout ce que je voudrois.

Dor. Et déjà ne paſſez-vous pas pour en avoir ?

Luc. Oui ; mais entre nous je ne fais rien.

Dor. Oh ! vous êtes auſſi trop modeſte ; vous jouez très-joliment du clavecin.

Luc. Hélas ! cela ſe borne à trois ou quatre pièces que je fais de routine.

Dor. Le deſſin va très-bien ; votre derniere tête eſt charmante.

Luc. Graces à vous.

Dor. Non, réellement, je n’y ai preſque pas retouché.

Luc. Mais l’hiſtoire & la géographie, par exemple, je n’en ſais pas un mot.

Dor. Vous ſavez les titres de beaucoup de livres, voilà tout ce qu’il faut pour le monde ; dîtes hardiment que vous les avez tous lus. Avec cela, ayez toujours un livre dans votre ſac & ſur votre toilette ; ſoutenez que vous aimez la lecture avec paſſion, & vous paſſerez bientôt pour la perſonne la plus inſtruite.

Luc. Voilà une drôle de maniere d’être ſavante, elle me convient beaucoup. Allons, je l’adopterai ; & puis, ma chère amie, vous reſterez toujours avec moi ; vous corrigerez mes deſſins, & même mes tableaux, quand je peindrai ; ainſi voilà encore un talent de ſûr.

Dor. Allez, Mademoiſelle, je vous promets que vous aurez tous ceux qu’on a communément