Il me semble avoir entendu dire que vous aviez pensé l’épouser avant votre mariage ?
Il est vrai qu’il en fut question. J’avois quinze ans, il en avoit vingt-trois. J’étois encore au Couvent ; mes parents le desiroient avec ardeur, & le lui proposèrent. Il ne le voulut pas, sous prétexte de ma grande jeunesse. Ce refus n’avait rien de choquant ; car nous ne nous connoissions ni l’un ni l’autre. Je le retrouvai deux ans après dans le monde, & j’étois mariée la première fois que je le vis.
Après cette aventure, il eût été assez piquant de lui tourner la tête, de le rendre bien amoureux. À votre place, j’en aurois été un peu tentée.
J’étois bien éloignée d’un tel projet ! Mais quand j’aurois pu le former, certainement il n’auroit pas réussi.