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AUTEUR.

succès, Germeuil, depuis qu’il aimoit éperdument madame de Nangis, ne supposoit à aucune femme le dessein de lui plaire, et pouvoit-il imaginer que la femme la plus dépourvue d’agrémens extérieurs, nourrissoit en secret l’espérance de l’emporter sur la plus belle et la plus charmante personne de la cour ? Il ne vit donc dans les avances et les agaceries de Mélanide, que la coquetterie d’esprit ; il y répondit avec sa politesse accoutumée ; il disserta, s’appesantit, et s’ennuya avec Mélanide ; car il avoit le talent de prendre le ton qui convenoit à chacun ; mais après avoir montré de l’éloquence avec Mélanide, il se moquoit avec Natalie de tout ce qu’il avoit dit de plus beau et de plus profond.

Le jour du départ de Germeuil, il rencontra Natalie seule dans le jardin, s’assit à côté d’elle ; et comme il la regardoit en silence d’un air attentif, Natalie se mit à rire : vous me faites peur, dit-elle, comme vous m’examinez ! qu’ai-je donc d’extraordinaire ? Tout, répondit Germeuil. Il faudroit avoir bien de