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Mlle DE CLERMONT.

femme-de-chambre revint en s’écriant de la porte que le Duc étoit beaucoup mieux et que le chirurgien répondoit de sa vie : la sensible et crédule princesse tendit les bras à celle qui lui apportoit de si heureuses nouvelles, elle l’embrassa avec tous les transports de la reconnoissance et de la joie : Grand Dieu ! s’écria-t-elle, quel changement dans mon sort !… Il vivra, je le reverrai !… Et mon frère sait notre secret, et il m’a permis de tout espérer !… Il obtiendra le consentement du roi, je jouirai du bonheur suprême de me glorifier publiquement du sentiment qui seul m’attache à la vie !…

Enivrée de ces douces idées, mademoiselle de Clermont fit réveiller la marquise de G***, afin de lui confier tous ses secrets et de lui faire partager sa joie. La marquise, ainsi qu’elle, croyoit M. de Melun hors de danger ; car en effet le chirurgien l’avoit annoncé presque affirmativement aux gens du Duc et à tous ceux qui veilloient dans le palais, peu de temps après que le duc eût reçu ses sacremens…