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Mlle DE CLERMONT.

pour me guider, pour m’éclairer… — Suivrez-vous mes conseils ? — En doutez-vous ? — Remplissez donc votre destinée ; honorez la souveraine puissance, en montant sur le trône qu’on vous offre, — C’est vous qui m’exilez pour jamais de ma patrie ! songez-vous à l’éternel adieu que vous recevriez de moi ?… Si vous avez la force de soutenir cette image, ne me supposez pas ce courage inhumain… Enfin, que me proposez-vous ? de rendre criminel le sentiment qui m’attache à vous ; maintenant, malgré tous les préjugés qui le réprouvent, il est innocent, il ne changera jamais… ah ! combien ma liberté m’est chère ! du moins elle me donne le droit de vous aimer sans remords… Ce langage séducteur ébranla toutes les résolutions austères de M. de Melun ; il se rappela bien toutes les choses raisonnables qu’il avoit eu le projet de dire, mais dans ce moment elles lui parurent déplacées ou trop dures : au reste, il se trouvoit héroïquement vertueux, en pensant qu’un autre à sa place auroit fait éclater tous