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LE JOURNALISTE.

Mirval fut s’enfermer dans sa petite maison de Montreuil, et là, ne pensant qu’à Célestine, il se confirma dans l’idée qu’elle aimoit Delmas. Je ne m’étonne plus, se disoit-il, de son enthousiasme pour ses ouvrages, et de la colère que lui inspiroit cet extrait satirique : tout est expliqué. N’importe ! Célestine, du moins, connoîtra mon cœur ! Cette douce pensée fortifia son courage. Quel est l’amant malheureux que l’admiration de ce qu’il aime ne console pas (du moins dans les premiers momens) du sacrifice de son amour ?…

Mirval attendoit avec impatience, le jour fixé par Célinte. Il arriva, ce jour si désiré : Mirval partit ; mais sur la route de Paris, il rencontra un courrier de Célinte, qui lui donna d’elle un billet, dans lequel Célinte demandoit encore deux jours ; Mirval retourna tristement à Montreuil. Le lendemain au soir, il entendit une voiture s’arrêter devant sa maison ; quelques minutes après, la porte de son cabinet s’ouvre brusquement, il voit paroître Célinte, émue, hors d’haleine,