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Mlle DE CLERMONT.

mont retourna à Paris en songeant qu’elle alloit se retrouver dans les lieux que M. de Melun habitoit… La première fois que le hasard le lui fit rencontrer, son trouble fut inexprimable ; il lui sembloit que tous les yeux étoient fixés sur elle, et lisoient au fond de son ame ; mais son agitation et son embarras ne furent remarqués que de l’objet qui les causoit. Le duc, toujours prêt à se trahir, eut assez de force et de vertu pour la fuir encore de nouveau, malgré la certitude d’être aimé. Tout est compensé dans la nature : si les cœurs sensibles sont souvent ingénieux à se tourmenter, ils ne le sont pas moins à chercher, à trouver des consolations et des dédommagemens dans les choses même les plus affligeantes.

Mademoiselle de Clermont voyoit dans le soin que M. de Melun mettoit à l’éviter, une raison de plus d’admirer son caractère, et tout ce qui attache davantage à l’objet qu’on aime est un bonheur.

Cependant M. de Melun rencontroit souvent mademoiselle de Clermont, sur-tout à la cour. L’hiver avançoit, et l’on