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Mlle DE CLERMONT.

parut embarrassé : « Le respect, répond dit-il, est souvent un obstacle à la confiance… J’entends cette défaite, interrompit mademoiselle de Clermont ; elle ne me satisfait pas, mais elle me suffit ». Ces mots prononcés avec beaucoup de feu, firent soupirer M. de Melun ; il leva les yeux au ciel, et en les baissant, il rencontra ceux de mademoiselle de Clermont, plus beaux, plus touchans, plus expressifs qu’ils ne furent jamais : il alloit parler, et peut-être trahir entièrement les secrets de son cœur, lorsque M. le Duc s’approchant, mit fin à cet entretien si pénible et si dangereux.

Au moment où le jour commençoit à paroître, on le vint dire à mademoiselle de Clermont, qui, de premier mouvement, s’écria : « Quoi, déjà ! ah ! que j’en suis fâchée, et que je regrette la nuit ! » Ces paroles furent entendues de M. de Melun, et la sensibilité dont elles le pénétrèrent, fut une nouvelle raison pour lui de hâter son départ ; il comprit trop à quel point il étoit nécessaire. À l’instant où l’on descendoit des gondoles pour