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Mlle DE CLERMONT.

Ah ! M. de Melun, dit-elle, quelle opinion avez-vous de moi ? Oh ! ne me jugez point sur une action que je me reprocherai toute ma vie… Il est vrai, cette fête, ce bal, m’ont causé la plus inexcusable distraction ; mais ne l’attribuez point à la coquetterie, vous seriez injuste… Une idée bien différente m’occupoit… Je ne puis vous parler qu’un moment, et j’aurois tant de choses à vous dire !… je voudrois me justifier et je dois vous remercier… vous avez réparé ma faute, vous avez rempli mon devoir… Ah ! si vous saviez à quel point je suis pénétrée de ce procédé, le plaisir de vous admirer me dédommage de la juste confusion que j’éprouve ; mais si j’ai perdu votre estime, qui me consolera ?… À ces mots, elle regarda M. de Melun, et elle vit ses yeux remplis de larmes, les siennes coulèrent, elle serra doucement le bras qu’elle tenoit ; le Duc pâlit, ses jambes chancelèrent… Six personnes clairvoyantes et curieuses étoient à quelques pas de lui, l’excès de son émotion, de sa contrainte et de ses inquiétudes, rendoient sa situa-