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Mlle DE CLERMONT

prise, mais soutenue par la fierté et par le dépit même, elle se remit à danser, en montrant la plus grande gaîté ; elle trouvoit une sorte de soulagement dans cette affectation. C’étoit une vengeance. D’ailleurs, elle espéroit toujours que M. de Melun viendroit au moins faire un tour dans la galerie ; mais il n’y parut poin. Il fut demandé vainement par plusieurs danseuses qui lui envoyèrent une députation qui ne le trouva plus dans la salle du jeu, et qui vint dire que vrai­semblablement il étoit allé se coucher. Alors, mademoiselle de Clermont perdit subitement toute sa gaîté factice ; le bal devint pour elle mortellement insi­pide ; elle ne sentit plus qu’un invincible ennui, et le désir de se retrouver seule. M. le Duc fut se coucher à deux heures, et peu de temps après mademoiselle de Clermont se retira. Elle ne s’avouoit point encore ses sentimens secrets, rien de frivole n’avoit contribué à les faire naître ; ce n’étoit ni la figure, ni les agrémens de M. de Melun qui avoient fixé son attention sur lui, c’étoit encore