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LE BONHOMME.

à rompre avec M. de Férioles, ne le vit pas approcher sans trouble. Il la rejoignit d’un air serein, et lui offrant son bras : Ah ! mademoiselle, lui dit-il, combien je desirois, depuis l’aventure du chien enragé, de trouver l’occasion de vous parler sans témoins !… Ce début redoubla l’embarras d’Isaure ; elle le regarda avec timidité, et elle vit dans ses yeux la plus tendre expression du bonheur, de la confiance et de l’amour… Cet homme si bon, si sincère, comment se résoudre à lui ravir brusquement une espérance qui le rendoit si heureux !… Et si, en lui montrant les goûts et les projets qui devoient naturellement l’éloigner d’elle, il persistoit à l’aimer, il faudroit donc lui déclarer qu’elle préféroit son rival et qu’elle avoit promis de l’épouser !… Mais en sacrifiant M. de Férioles, étoit-elle bien sûre de trouver le bonheur avec le chevalier ?… Toutes ces idées s’offrirent à-la-fois à l’imagination de l’incertaine Isaure, et tremblante autant qu’attendrie, elle se taisoit en regardant tristement M. de Férioles. Il étoit lui-même très-ému. Après