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LE BONHOMME.

tant d’un air égaré, il est blessé, il est mordu !… Isaure éperdue s’approche… Dans ce moment, on entend tirer un coup de fusil, et plusieurs voix répètent, il est tué. Un paysan paroît ; le baron l’appelle : « Qu’a-t-on tué ? dit-il… — Le chien enragé… — Nous venons d’en tuer un. — Eh ! c’est celui de maître Pierre, — N’avoit-il pas été mordu par l’autre ? — Eh non, le chien enragé s’est échappé là-bas, de la ferme où l’on s’apprêtoit à le tuer, après l’avoir tenu renfermé deux jours, pour s’assurer de son mal ; il a été fusillé à trente pas de la grange dont un enfant avoit ouvert la porte. — Vous êtes sûr qu’il n’a pas rencontré ce chien ? — Eh pardinne, on l’a vu sortir, on l’a, tout de suite, poursuivi sans le perdre de vue, et il n’a point passé de ce côté. — Ô mon bon, mon brave Jacquot ! s’écria M. de Férioles en sanglotant, le chien qui t’a mordu n’étoit point enragé !… — Ma foi, monsieur, dit Jacquot, j’en ai eu toute la peur… — Ce chien n’étoit point enragé ! répéta M. de Férioles avec transport : ah ! mon cher baron, prenez part à ma joie » !