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LE JOURNALISTE.

visage de Célestine, il fut effrayé de l’altération extrême qu’il remarqua sur tous ses traits. Aussi-tôt que Célestine l’apperçut, elle jeta la feuille dans le feu, en disant : c’est la dernière de ce journal que je lirai ! « Bon Dieu ! s’écria Mirval avec un violent battement de cœur, qui peut donc vous inspirer une si vive indignation ? — La mauvaise foi. J’ai lu l’ouvrage de M. Delmas, et comme il ne faut que de l’âme pour le juger, j’ose dire que l’extrait que vous en donnez dans ce journal, est d’une inconcevable injustice. — Mais ce n’est au fond qu’une plaisanterie. — Pourquoi plaisanter quand il s’agit de rendre compte d’un ouvrage sérieux et du genre le plus intéressant ?… Que l’on se moque de l’affectation, de l’emphase, je le conçois, c’est une critique légitime, et sans doute elle est utile ; mais tâcher de tourner en ridicule un ouvrage dont il est impossible de citer un seul passage que la morale et le bon goût puissent condamner, ou s’égayer sur quelques légers défauts, sans rendre sérieusement justice à de grandes beautés,