Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
LE BONHOMME.

moquerie ; elle en fut blessée, et voyant que leurs yeux se portoient sur M. de Férioles, elle se retourna, et vit derrière ce dernier la plus étrange figure : c’étoit un domestique d’une tournure grotesque, d’une très-petite stature, d’un embonpoint remarquable, d’une mine très effarée, et dont tous les mouvemens avoient la niaiserie la plus risible. Cependant Isaure n’eut aucune envie de rire ; elle trouvoit tant de bonhomie et de candeur à M. de Férioles, que plus elle le regardoit et l’écoutoit, plus elle souffroit de le voir tourner en ridicule. Dans ce moment, ses yeux se portèrent sur l’élégant coureur du chevalier ; et, pour la première fois, loin d’admirer son éblouissante parure, elle fit quelques réflexions confuses sur ce luxe extravagant…

En sortant de table, le baron mena sa fille à l’écart dans une embrasure de fenêtre : « Eh bien ! mon enfant, lui dit-il, comment le trouves-tu ? — Il a l’air d’un bien bonhomme, répondit Isaure ; mais, dites-lui donc, mon père, qu’on