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LE BONHOMME.

son premier voyage ? — Non ; il vint passer à Paris dix ou douze jours, il y a sept ou huit ans. — Je vous prie de l’inviter, de ma part, à venir dîner et souper chez moi tous les jours ». À ces mots, le baron renouvela des remercîmens sincères ; madame de Béville se leva et sortit. Quand le baron fut seul avec sa fille : « Écoute, mon Isaure, lui dit-il, je ne veux point te faire de cachoteries ; il faut que tu saches que ma sœur a grande envie de te marier à un homme de la cour, nommé M. le chevalier d’Osambry : elle m’a mandé que tu ne t’en doutois pas ; mais je ne dissimulerai jamais avec toi, bien assuré que tu ne te laisseras pas éblouir par de vains titres, et que tu choisiras, non le plus élégant, mais le plus sensible et le plus vertueux. Ta pauvre mère, comme tu le sais, étoit une riche héritière, élevée à Panthemont ; il ne tenoit qu’à elle de se marier à la cour : elle me préféra, parce qu’elle estimoit mon caractère ; elle ne s’en est jamais repentie… Tu as sa raison et son excellent cœur, tu te conduiras comme