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DÉROUTÉ.

dans sa poche la boucle de cheveux et le papier. Rosenthall se leva et s’éloigna. Dès qu’il ne vit plus Léontine, il reprit tous ses soupçons, et bientôt la conviction que Léontine entretenoit une intrigue criminelle ; car comment interpréter autrement son saisissement, son effroi mortel, son silence ? Ne se seroit-elle pas justifiée si elle l’avoit pu ? ses larmes et sa confusion n’avoient-elles pas été l’aveu le plus complet de son égarement ? mais, d’un autre côté, ce regard, cette question touchante, faite d’un ton si naïf : Le croyez-vous ?… Que penser ? Rosenthall se perdoit, s’abîmoit dans ces diverses réflexions, lorsqu’on vint, le chercher pour le déjeûner. Il trouva Léontine rêveuse et préoccupée. Melcy annonça qu’il alloit à Paris, qu’il ne reviendrait que le lendemain, et il partit en effet. Léontine parut extrêmement agitée, elle se retira dans sa chambre. Il vint ce jour-là beaucoup de monde à dîner. Léontine reparut dans le salon, mais à chaque minute elle en sortoit, elle appeloit Victorine, rentrait dans sa chambre, et ne