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L’AMANT

descendit dans le jardin, et s’enfonçant sous un épais ombrage, il s’assit sur un siège de gazon adossé à une charmille. Après avoir passé plus d’une heure, absorbé dans la plus profonde rêverie, il entendit du bruit de l’autre côté de la charmille : quel fut son trouble, en reconnoissant le son de voix de Léontine et celui de Melcy ? Tous les deux rioient aux éclats, et Rosenthall entendit distinctement prononcer son nom… Tremblant de surprise et d’inquiétude, il prête l’oreille, et il entend Léontine dire : Pauvre Rosenthall !… Melcy fit un long éclat de rire ; ensuite, continuant de marcher avec Léontine, il s’éloigna, et Rosenthall n’entendit plus rien. Il resta immobile à sa place, pétrifié d’étonnement, et suffoqué par la colère. Quoi donc, s’écria-t-il, je ne suis pour eux qu’un objet de dérision !… Cette femme que j’adorois, malgré l’extravagance de sa conduite, cette femme qui subjuguoit mon cœur et mon admiration, malgré la duplicité qui devoit me la faire mépriser ; Léontine enfin n’est qu’un monstre