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L’AMANT

Léontine. Tandis que Melcy parloit avec autant de volubilité que de feu, Rosenthall changea plus d’une fois de visage, il garda un morne silence ; Melcy ne parut remarquer ni son embarras, ni sa souffrance. Rosenthall apperçut heureusement Darmond au bout du parterre ; il se hâta de l’aller rejoindre, afin de se délivrer d’une conversation qu’il n’étoit plus en son pouvoir de supporter. Rosenthall bouda pendant cinq ou six jours, et Léontine, sans avoir l’air de s’en appercevoir, n’en fut que plus aimable pour lui. Cependant, elle l’arrachoit souvent à ses réflexions, par des mots charmans, par des traits naïfs d’une sensibilité touchante ; mais bientôt, sa conduite et son intimité avec Melcy ranimoient le dépit de Rosenthall, et lui rendoient tout son chagrin. Darmond et sa fille furent invités à un bal champêtre à Taverny, que donnoit un de leurs voisins ; Rosenthall qui en fut prié aussi, déclara qu’il n’iroit point. Le jour où l’on devoit y aller, Melcy ne dîna point à Franconville ; en sortant de table, Darmond passa dans