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DÉROUTÉ.

de nous quitter » ? Rosenthall vit dans cette réponse une mauvaise foi qui lui déplut, et regardant fixement Léontine : « Le croyez-vous ? dit-il d’un ton un peu sévère. — Oh non, reprit vivement Léontine, et si je le pensois, je chercherois à me tromper moi-même sur une si triste vérité. — Grand Dieu » ! s’écria Rosenthall avec transport. Il s’arrêta, saisit une des mains de Léontine, la serra fortement dans les siennes, et se levant brusquement, il s’arracha d’auprès d’elle et disparut. Il fut rêver en liberté à l’autre extrémité du parc. Il ne pouvoit plus douter des sentimens de Léontine » ; il étoit même clair qu’elle vouloit les lui faire connoître : mais quels étoient ses projets et son espoir ? Tout se préparoit pour son mariage avec Melcy ; les dernières lettres d’Angleterre annonçoient que l’oncle de Melcy seroit en France sous un mois, et la noce devoit se faire le lendemain de son arrivée. Cependant Léontine étoit calme, satisfaite et gaie ; elle présidoit elle-même aux apprêts de son hymen : Rosenthall l’avoit entendue,