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L’AMANT

réserve excessive ; et cependant Rosenthall la voyoit pour lui remplie de graces, de charmes et de prévenance ; Melcy même n’obtenoit pas d’elle de plus doux sourire et un accueil plus aimable. Quelquefois Rosenthall osoit penser que Léontine, sans se l’avouer, sans peut-être s’en douter, avoit du penchant pour lui ; mais il avoit une grande obligation à Melcy, ce dernier lui témoignoit une confiance et une amitié touchantes : Rosenthall eut horreur de l’idée de le supplanter, et il prit la résolution de s’arracher, sans délai, à des dangers qui menaçoient également son repos et sa vertu. Il étoit depuis huit jours à Franconville, lorsqu’il annonça que des affaires l’obligeoient à partir le lendemain. Après avoir déclaré ce dessein à Darmond, qui le combattit vainement, il fut chercher Léontine et Melcy pour leur faire ses adieux. Il les trouva tête-à-tête dans le salon ; mais quelle fut son émotion, lorsqu’à l’annonce de son prochain départ, il vit Léontine pâlir !… « Quoi ! s’écria Melcy, nous quitter si brusquement ! et