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DES URSINS.

aviez reçu une lettre de moi ? Songez-bien, avant de répondre, que je sais tout, et que par conséquent je n’ignore pas que vous n’avez même pu recevoir une fausse lettre. À ces mots, madame des Ursins, perdant tout-à-fait la tête : le roi, s’écria-t-elle, sera mon juge ; c’est à lui seul que je répondrai. Quoi ! reprit la reine, vous osez compromettre le roi et me menacer ! Je dois soutenir l’honneur de son caractère et du mien ; retirez-vous, madame, et ne reparoissez jamais devant moi. À peine la reine eut-elle prononcé ces paroles, que la princesse des Ursins, suffoquée de rage, sortit impétueusement, dans l’intention de retourner sur-le-champ à Guadalaxara pour instruire le roi de cet étrange événement ; mais que devint-elle, lorsqu’en passant dans la salle des gardes, elle fut arrêtée par ordre de la reine… Comment, dit-elle, attenter à ma liberté !… Non, madame, répondit-on, mais ayez la bonté de nous suivre. — Où me conduira-t-on ? — À deux lieues par-delà les frontières. — Hors de l’Espagne ? — Oui, madame.