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DES URSINS.

et le caractère le plus ferme, le plus décidé. Alberoni, depuis long-temps, éprouvoit le désir de voir Élisabeth sur le trône d’Espagne, et, par cette raison, il n’avoit jamais parlé d’elle à madame des Ursins dont il connoissoit les espérances ; mais lorsqu’elle lui fit part de son nouveau plan, il lui indiqua sur-le-champ Élisabeth, en la lui dépeignant comme une princesse timide, foible et bornée, qu’elle gouverneroit à son gré. Il la trompa sur sa figure comme sur son caractère : Élisabeth étoit charmante ; il assura qu’elle n’étoit ni belle, ni jolie. Quel âge a-t-elle ? demanda madame des Ursins. — Dix-huit ans, répondit Alberoni. — Quelles leçons lui donniez-vous ? — D’histoire et de géographie. — Apprenoit-elle bien ? — Elle n’a ni mémoire, ni intelligence ; son indolence est excessive. — Savez-vous si elle écrit passablement ? — Je sais qu’elle n’écrit point du tout ; on est obligé de lui dicter jusqu’au moindre billet. — Tout cela est excellent pour une reine ; elle ne se mêlera de rien, les affaires en iront