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LA FEMME

jaloux, Germeuil alloit chez la comtesse plus souvent que jamais, et comme la comtesse desiroit vivement que l’on ne crût point qu’il l’eût abandonnée, elle ne dissimuloit plus ses sentimens pour lui ; de sorte qu’au milieu de toutes ces bizarreries apparentes, les observateurs ne savoient souvent que penser.

Sur la fin de l’hiver, le comte de Nangis donna un bal, et il ne manqua pas d’y inviter Germeuil et Natalie, qui tous les deux y furent. Madame de Nangis reçut Natalie avec une grace et une obligeance qui frappèrent tout le monde, et c’étoit bien son projet. On vit ces deux rivales, toujours l’une à côté de l’autre, se regarder avec bienveillance, se parler avec sentiment ; la curiosité ne se lassoit point de les examiner ; les hommes s’étonnoient, les femmes disoient : Comme elles sont fausses !

Vers la fin du bal, Natalie se plaignant du chaud, la comtesse lui proposa d’aller se reposer un moment dans sa chambre, Natalie la suivit, quoiqu’avec un peu d’embarras, en songeant qu’elle