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LE MALENCONTREUX.

d’un air pénétré, je vais vous prouver combien je compte sur votre probité… Il est possible que mon père ne veuille point consentir à mon union avec Florzel… eh bien ! dans ce cas, promettez-moi d’accepter encore cette main (elle me la tendoit), ce sera celle d’une épouse fidèle… S’il ne m’est pas permis de me dévouer à l’amour, que je puisse du moins me consacrer à l’amitié… Cette preuve de votre estime, répondis-je, sera justifiée par ma conduite. Vous venez de donner un prix infini au service que je vais vous rendre ; vous verrez si je sais aimer avec désintéressement. Lucy, entendant la voix de son père, se sauva par la petite porte du salon. À peine avoit-elle disparu, que M. Merton entra. Sans perdre de temps, j’instruisis M. Merton de tout, ne lui cachant que la dernière assurance que m’avoit donnée sa fille avec tant de sensibilité ; car j’étois certain que, s’il eût connu ses dispositions à mon égard, il auroit absolument rejeté Florzel. Malgré cette discrétion de ma part, M. Merton répéta mille fois qu’il avoit