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LE MALENCONTREUX.

qui, comme on sait, est plus nombreuse dans cette ville que dans aucun lieu du monde ; enfin, après avoir joué en France le rôle si commun, mais si brillant d’orateur, il n’avoit pu renoncer aux succès littéraires, et il étoit l’auteur d’une multitude de pamphlets anonymes contre la religion et le gouvernement. Par une suite de mon guignon ordinaire, il se trouva que son libraire étoit précisément celui chez lequel je portois de temps en temps les petites feuilles politiques de la composition du comte de Steinbock. Le véritable Desbruyères, averti qu’on le soupçonnoit, prit la fuite ; et les gens de police, trompés par mon nom et par mes visites chez le libraire, m’arrêtèrent à sa place. Florzel, ayant appris mon arrestation, avoit fait avec une extrême activité, conjointement avec M. Merton, toutes les démarches nécessaires pour me justifier et me tirer de prison. Il avoit bien fallu déclarer mon véritable nom ; mais Florzel, en répondant de moi, m’avoit acquis la bienveillance des ministres ; ainsi, je n’éprouvois aucune crainte