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LE MALENCONTREUX.

ment de la nuit, dans une prison, avec un homme qui, suivant toutes les apparences, étoit un voleur de grand chemin ; l’heure, le lieu, l’isolement, produisirent en moi la plus singulière révolution : une terreur affreuse glaça mon ame, et les idées les plus funestes vinrent en foule noircir mon imagination. Jack s’aperçut que je pâlissois, et là-dessus il entama une longue exhortation très-énergique, et dont le sens étoit qu’il valoit mieux aller à Botany-Bay, que d’être pendu. J’étois dans un tel état de stupeur, qu’il m’étoit impossible de le chasser, ou de l’interrompre ; je crois même que j’aimois mieux qu’il restât là, que de me retrouver tout seul… Mais, tout-à-coup, j’entendis parler très-haut sur l’escalier… je tressaille, je me ranime, je me lève.

Oh ! dans un moment de détresse et d’abandon, quel son enchanteur et délicieux que celui de la voix d’un ami !… C’étoit Florzel. Je me précipite vers la porte, et je trouve Florzel qui se jette à mon cou et qui m’entraîne, en me disant :