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LE MALENCONTREUX.

ne parut point à souper, et se coucha deux heures plutôt que de coutume.

Il étoit endormi quand je me mis au lit ; cependant, il me parut fort agité, il parloit tout haut, et son visage etoit extrêmement rouge. Nous avions, dans la chambre, une lampe de nuit. Je me réveillai sur les trois heures après minuit, et jetant les yeux sur le lit de Frédéric, je fus très-surpris de ne le point voir ; je l’appelai, personne ne répondit. Je me levai, je pris une lumière, et je visitai tout l’appartement sans trouver Frédéric. Très-inquiet, je rentrai dans ma chambre, afin de réfléchir à cette aventure. Au bout d’un moment, j’entendis, de loin, marcher doucement : je soupçonnai alors un mystère d’intrigue dans cette fuite de Frédéric ; j’éteignis la lumière, je me recouchai promptement, et je feignis de dormir. Frédéric rentra. Il s’assit d’abord dans un fauteuil, je l’entendis soupirer, ensuite il se remit dans son lit. À sept heures je me levai, et sans réveiller Frédéric, je m’habillai à la hâte, et je sortis doucement de la chambre.