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chantant à Notre-Dame un Te Deum, il fut atteint de la petite vérole pourprée. Tous ceux qui l’entouraient s’enfuirent ; il fut assisté par le seul frère Stanislas, de la Charité ; « renommé, dit un contemporain, par sa science en médecine et par son jansénisme ». Il eut pour successeur le trop célèbre Christophe de Beaumont, dont il sera longuement question dans la suite de cette histoire.

Le diocèse de Paris a donc été bien troublé durant la première moitié du xviiie siècle par les affaires de la Bulle et il en fut de même de tous les autres, que leurs évêques fussent ou non des acceptants. Parmi ces derniers, qui ne furent pas tous des adeptes fervents, il s’en est trouvé de très ardents qui furent très âpres à la lutte, et celui qui doit figurer au premier rang, c’est le successeur de Bossuet, Bissy, jadis admirateur de Quesnel, à qui son revirement procura le chapeau de cardinal et la riche abbaye de Saint-Germain des Prés[1]. Ce grand profiteur de la Bulle mourut en 1737, et il persécuta les appelants jusqu’à son dernier jour. Belsunce, qui ne fut pas moins ami des Jésuites, fut encore plus violent que Bissy ; mais il était plus désintéressé il ne fut ni cardinal, ni archevêque, et il était toujours évêque de Marseille et toujours aussi intraitable au sujet de la Bulle, quand il mourut à quatre-vingt-quatre ans en 1755. Le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, mourut septuagénaire en 1749. Mais le plus actif, le plus turbulent des constitutionnaires, ce fut sans contredit Joseph Languet de Gergy (1677-1753). Évêque de Soissons, et ensuite archevêque de Sens, il ne cessa pas de batailler en faveur de la Bulle Uni-

  1. L’évêché de Meaux ne rapportait que 22.000 francs ; le revenu de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés était de 150.000.