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CHAPITRE III

L’Augustinus et la Fréquente Communion



L’Augustinus de l’évêque d’Ypres doit sa naissance au livre de Molina, et si ce livre avait été condamné comme il aurait dû l’être par Clément VIII et Paul V, si ce dernier pape n’avait pas relégué dans les archives du. Vatican la bulle Gregis dominici qui n’attendait plus que sa signature, jamais Jansénius n’aurait songé à composer son ouvrage. En effet Paul V opposait saint Augustin à Molina, et il faisait du docteur de la grâce un magnifique éloge : « Le Siège Apostolique, disait-il dans son préambule, a toujours fait un grand cas de ce saint docteur, et a tellement estimé et approuvé sa doctrine que quand il vivait il lui demandait des réponses contre les livres des Pélagiens, et qu’après sa mort il approuva sa doctrine et déclara qu’il l’adoptait comme étant la sienne… » Pour réfuter l’erreur de Molina, il citait ces propres paroles de saint Augustin : « S’il n’y a point de grâce de Dieu, comment Notre Seigneur Jésus-Christ sauve-t-il le monde ? Et s’il n’y a point de libre arbitre, comment juge-t-il le monde ?… » La bulle de Paul V, c’était une sorte d’Augustinus en quarante pages, parce que la doctrine de saint Augustin sur l’accord de la grâce toute puissante et de la volonté libre « a toujours été reçue et approuvée dans l’Église ». En conséquence de ces principes, le souverain pontife condamnait quarante-deux propo-