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chapitre II

sespoir des pieux éditeurs de sa correspondance ; enfin il exigea que Mme de Chantal et la Visitation fussent étroitement unies à la Mère Angélique et au Port vraiment royal. Il mourut dans ces sentiments, en 1622, et la Mère de Chantal fut la meilleure amie de la Mère Angélique durant les vingt années qui suivirent[1]. La dernière lettre qu’elle écrivit, en 1641, avant d’aller mourir à Moulins, était pour recommander à nouveau l’union intime de Port-Royal et de la Visitation, et l’on sait que, vingt-trois ans plus tard, des Visitandines fanatisées par les Jésuites, acceptèrent de se faire les geôlières impitoyables des religieuses de Port-Royal.

On a publié la correspondance des deux Mères, et bien qu’il y soit question de l’abbé de Saint-Cyran prisonnier, que Jeanne de Chantal vénérait comme un saint, il ne s’y trouve pas un mot qui rappelle de près ou de loin les querelles sur la grâce ; le nom de saint Augustin n’y est pas prononcé une seule fois, pas même dans la grande lettre de Saint-Cyran à Mme de Chantal.

En 1625, la Mère Angélique, qui fut mal inspirée ce jour-là, comme elle-même l’a reconnu depuis, abandonna sa maison des champs, qu’elle jugeait trop malsaine, et elle transféra Port-Royal à Paris, à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques, près du Val-de-Grâce et des Carmélites. Grâce aux libéralités de Mme de Pontcarré et ensuite de plusieurs autres bienfaitrices, elle fit élever de 1628 à 1655 de vastes bâtiments qui sont aujourd’hui une des curiosités de notre vieux Paris. En 1633, à la prière de la première duchesse de Longueville, et pour honorer tout particulièrement le

  1. V. A. Gazier, Jeanne de Chantal et Angélique Arnauld, d’après leur correspondance. — Paris, Champion 1915.